• À l’occasion de la sortie de ma nouvelle, La légende de dugong, j’ai eu envie de vous parler de l’engagement dans les romans/nouvelles que j’écris.
    Car oui, il y a des messages et des opinions dans mes nouvelles.
     

    Et je voudrais surtout parler du « non-engagement » de beaucoup d’auteurs qui clament haut et fort ne pas faire de politique, ou ne pas faire passer de message dans leurs textes. Vous savez quoi ? Ces gens-là sont des menteurs qui s’ignorent.
    Car oui, quoi qu’on en dise, il y a une opinion, ou une certaine vision de la société dans laquelle ils vivent, ou comment ils la perçoivent et surtout comment ils acceptent ou se voilent la face sur discriminations et les orientations politiques sous-jacentes. Car oui les gens, vous n’êtes pas apolitique. Ça vous fait chier de payer autant d’impôt ? C’est politique. Ça vous fait chier qu’on abatte des loups ? C’est politique. Vous voulez protéger l’environnement ? C’est politique. Faire un personnage homosexuel ? C’est politique. Vous faites un monde de facto inégalitaire et sexiste « parce que c’est comme ça » ? C’est politique… etc. Je pourrais encore en trouver tout plein des exemples. La politique, c’est les choix du peuple.
     

    Alors certes, ces auteurs-là ne brandissent pas d’étendards, mais sans même s'en rendre compte, ils véhiculent des opinions. Combien de romans ai-je lus où la jeune femme est encore vierge quand le super beau gosse couche avec elle alors que LUI a déjà connu plein de femmes ? Beaucoup. Combien de roman ai-je lu où il y a des personnages noirs et arabes ou asiatiques juste comme ça ? Pas pour être un stéréotype, juste pour avoir de la diversité ? Peu.  

    Après, chacun assume son orientation politique (ce qui ne veut pas dire appartenir à un parti ou soutenir une organisation politique). Moi je n’ai pas de problème à revendiquer mes opinions de gauche, antilibérale, égalitariste et écosocialiste.  

    Mes deux nouvelles véhiculent-elles un message ? OUI. 

    Mary Wollstonecraft, parle de deux femmes, mère et fille. Mary Wollstonecraft était une féministe anglaise. L’équivalent de notre Olympe de Gouges et qui publia à peu près en même temps un livre sur les droits des femmes. Et hop, voilà déjà un choix de personnage pas neutre. Et en plus, c’est bien pour votre culture G. Et sa fille, si je vous donne son nom de mariage qui l’a rendu célèbre, je révèle une partie de l’intrigue de la nouvelle et la fin. Donc soit vous lisez la nouvelle pour savoir de quoi je parle, soit vous allez sur Wikipedia et vous trouverez la réponse. Et encore là, ce n’est pas neutre, puisque je veux rendre à Mary (la fille) la gloire qui l’éclipse derrière sa création.

    La légende de Dugong est un peu plus complexe… Puisqu’il y a un message anticolonialiste, féministe et écologique. Je pense que la première partie va sauter aux yeux. Le féminisme de cette nouvelle est assumée par un peuple matriarcale et guerrière. Et écologique, car je veux attirer l’attention sur ce qu’est un dugong. Une espèce en voie de disparition. Le dugong du pacifique, comme le lamantin d’Amérique, est un sirénien. Une 3e espèce existait : la rhytine de Steller, mais elle a déjà été exterminée il y a bien longtemps. 

    Bien évidemment, ces messages ne sont pas afficher en gros gras souligner dans la nouvelle, et vous pouvez facilement passer à côté et profiter de votre lecture sans en être le moins du monde importuner. Ou vous pouvez les voir et vous poser des questions et vous renseigner sur le sort de cette pauvre créature avant qu’elle ne soit plus répertoriée que dans les livres de biologie. 

    Je ne me pose pas en donneuse de leçon, chacun redige pour ses propres motivations et vous pouvez très bien écrire sans vouloir passer de message… consciemment. Mais il faut que les auteurs prennent conscience que leurs œuvres, volontairement ou non, passent une vision du monde, des opinions et des représentations genre et/ou discriminante.  

    Sur ce, j’espère que vous réfléchirez en écrivant ou en lisant mes nouvelles ou d’autres.


     

     


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